DERR
Le temple du premier jubilé
Derr en 1956 avant son immersion
Photo tirée de :"Le secret des temples de la Nubie"
Dans sa quête vers le divin, Ramsès II fit ériger en l'an 30 de son règne l'hémi-spéos de Derr sur la rive droite du Nil "là où se lève le soleil". Taillé dans la pierre, l'édifice est dédié à la forme solaire du roi donc à Amon-Rê, Rê-Horakhty et Ramsès II lui-même, afin de légitimer sa filiation divine.
- A l'origine, l'accès au temple se faisait par un dromos (allée ornée de sphinx) et d'un pylône. Ces structures extérieures ont disparu mais on peut en voir encore un exemplaire à Wadi-es-Seboua.
Le plan du sanctuaire est simple : deux salles hypostyles flanquées de deux chapelles. A l'origine, les piliers des salles étaient décorés de statues osiriaques. Les scènes représentent ici Ramsès II aux côtés des principales forces divines tels Amon, Ptah, Thot, Mâat ou encore Khnoum, mais aussi auprès d'un certain nombre de ses enfants.
- La deuxième salle hypostyle était consacrée à la fête-Sed proprement dit et l'on peut des scènes sur lesquelles Rê, Mout, Horus ou encore Ptah "Maître des jubilés" offrent à Pharaon les signes de la fête lors d'actes cultuels nécessaires pour bénéficier de l'assurance éternelle.
- Mais la fonction principale de ce temple jubilaire dit "Temple de Ramsès-Aimé-d'Amon-dans-la-Maison-de-Rê", est avant tout d'accueillir la barque solaire. Dans le Saint-des Saints, une scène la représente conduite par Rê-Horackhty "le Soleil Levant". La barque symbolise aussi le passage du Nil entrant en Nubie vers l'Égypte.
- Dans la chapelle centrale, quatre statues avaient été taillées dans le rocher. Représentant sans doute Ptah, Amon Ramsès II et Horakhty, elles ont aujourd'hui disparu suite à la récupération du site par les Chrétiens.
- Dans la chapelle sud sont figurées les principales divinités créatrices Atoum, Chou et Tefnout en compagnie de Monthou. Les scènes traditionnelles de la course aux vases, de la libation et de l'offrande du pain complètent le décor mura.
- Dans la chapelle nord, la course aux vases entamée par Ramsès II n'est plus en direction de la triade composée d'Osiris, Isis et Horus, comme au Sud, mais vers Rê-Horakhty.
Dans ce temple des Millions d'Années, il est à noter l'intégration de scènes représentant Ramsès II vénérant sa propre image déifiée ainsi que l'apparition de son nom divinisé : Ouser-Mâat-Rê. Pharaon s'intègre déjà lui-même parmi les dieux. Le temple de Gerf Hussein, temple de son dernier jubilé, sera l'accomplissement de son programme théologique : Ramsès II y règne en effet à l'égal des divinités, les fresques ne le représentant qu'entouré des forces divines qu'il a rejointes au sein du panthéon.
Aujourd'hui démonté et rebâti sur le site dit "La Nouvelle Amada", lors du sauvetage des temples de Nubie dans les années 1960, cette fondation ramisside trône à côté du temple d'Amada et de la tombe de Pennout.