OSIRIS

L'origine du mot est incertaine mais signifierait "le Puissant". Il s'agirait alors d'un dieu agraire, en rapport avec la végétation fertile. Ce n'est qu'à partir de la Vè dynastie qu'il prend sa place en tant que dieu suprême du panthéon. Il fut incontestablement le dieu le plus populaire, vénéré à Busiris et surtout à Abydos.

Son culte s'étendit progressivement sur le pays. Dieu à l'humanité si proche de celle de l'homme, supplantant une à une les divinités desquelles il absorbe les pouvoirs (, Sokaris, Ptah) il est finalement élevé au rang des divinités dynastiques à la Vè dynastie, en devenant le Dieu des morts "le Maître de l'Éternité". Il préside alors aux rites funéraires, aux côtés de sa sœur-épouse Isis et de Nephtys.

Osiris est généralement représenté coiffé de la couronne atef, gainé dans un linceul d'où sortent les mains qui tiennent les sceptres du pouvoir royal. On y voit là la victoire de la terre fertile contre les effets du soleil, mais aussi un homme bon qui triomphe de la mort.

Les représentations du dieu sont nombreuses. Il est figuré sur les cercueils, dans les temples et les tombes, dans le "livre des morts"....mais aussi reproduit sous forme de bijoux.

Triade osirienne

OSIRIS (ici au centre) et ISIS  avec leur fils  HORUS

forment une des triades divines

La légende osirienne

 

Rapportée par Plutarque dans une vérité qu'on ne peut contester aujourd'hui, elle serait la suivante :

Selon la cosmogonie héliopolitaine, il est le fils aîné de Geb et Nout, et reçoit en héritage la royauté de l'Égypte, alors que son frère Seth ne reçoit que les déserts.

Ce dernier, jaloux de la popularité d'Osiris, fomente un complot aidé de 72 complices.

Au cours d'un banquet, il annonce qu'il offrira un magnifique coffre (dont la taille avait été adaptée préalablement aux mensurations d'Osiris par Seth) à celui qui le remplirait parfaitement. Osiris, ne se doutant de rien, entre dans la caisse, aussitôt fermée dans un élan unanime par tous les convives comploteurs, puis jetée dans le Nil.

Isis part à la recherche du corps de son époux et le retrouve vraisemblablement à Byblos. Avec l'aide de sa sœur Nephtys, elle le ramène en terre d'Égypte. Seth, informé, découvre la cachette et déchiquette le cadavre en plusieurs morceaux qu'il éparpillera dans tout le pays (le nombre varie entre 12, 14 ou 42 morceaux, 42 correspondant aux nombres des nomes de Haute et Basse Égypte). Les deux sœurs partent alors en quête des membres qu'elles retrouvent et rapportent à Anubis. Ensemble, ils confectionnent la première momie. Isis, en lui redonnant le souffle de la vie, réanime Osiris et réussit à se faire féconder (après avoir reconstitué par magie le seul morceau manquant : le phallus).

Horus naîtra de cette dernière union et vengera ultérieurement son père, dans un combat qui l'opposera à Seth, combat duquel personne ne sortira vainqueur, prouvant ici que le mal et le bien constituent une dualité nécessaire au fonctionnement de l'univers........

Osiris ressuscité ne reviendra pas sur terre mais présidera à jamais le royaume des morts.

 

 

Son culte tout comme celui d'Isis fut tel tout au long de l'histoire pharaonique qu'il était encore très vivace sous l'empire romain et les versions issues du mythe osirien sont nombreuses.

L'une d'entre elles permet de légitimer toutes les cités se targuant d'être un lieu de culte osiriaque pour avoir abrité un des membres découpés du dieu. C'est ainsi que l'île de Bigeh, domaine d'Osiris en face de Philae, domaine d'Isis, abrite le tombeau du dieu. Sa colonne vertébrale (le pilier djed) est enterrée à Bousiris alors que sa tête l'est à Abydos.

Le mythe permit ainsi dès le Moyen Empire aux pharaons de s'identifier en tant qu'Horus (vivant) et Osiris (mort).

 

 

Du nom égyptien "Abdjou", Abydos fut depuis l'origine de l'histoire pharaonique une aire sacrée. En effet, le site abrite des sépultures d'époque amratienne et de Nagada. Et dès les premières dynasties, les rois de This (cité plus au nord devenue capitale d'une Égypte unifiée) en firent leur nécropole royale : "Oum-el Qaab". La ville sainte s'organise autour de la colline de Kom es Sultan.

Sous la Vème dynastie, le site prit de l'ampleur avec l'expansion du culte d'Osiris. Selon le mythe osirien, la ville abritait la principale tombe du dieu, contenant sa tête. Sous la XIème dynastie, Abydos devint officiellement la cité d'Osiris.

Temple de Sethy 1erSur ce site, devenu l'un des plus grands centres cultuels de toute l'Égypte, les pharaons, désireux de "figurer dans la suite d'Osiris" et donc de bénéficier de l'assurance de la vie éternelle après la mort, y consacrèrent de nombreuses oeuvres architecturales : tombes, cénotaphes, temples funéraires dont le mieux conservé reste celui de Sethy 1er, achevé par son fils, Ramsès II. Sur les vestiges du second pylône, on peut lire le célèbre poème de Pentaour qui retrace la bataille de Kadesh. La deuxième cour à piliers osiriaques ouvre sur deux salles hypostyles. L'une, décorée par Ramsès II, présente de magnifiques reliefs polychromes que le temps n'a pas altérés. Elle ouvre sur sept chapelles, chacune dédiée à un dieu. C'est dans le corridor qui précède diverses salles inachevées (sans doute des magasins) qu'a été sculptée la "Table d'Abydos", tableau dynastique dressé par Sethy 1er.

Derrière le temple se situe le cénotaphe de Sethy 1er ou Osireion.

Osireion - Photo Guy Biver

Le site abrite également de nombreux vestiges comme :

  • le temple en briques crues dédié à Khentamentiou (dieu nomique supplanté par Osiris)
  • le petit temple en partie détruit de Ramsès II
  • les enceintes de la cité du Moyen Empire
  • les lacs sacrés d'Osiris
  • diverses nécropoles et cimetières d'animaux (ibis, faucons, chiens)

 

 

Webographie :

Osirisnet : un site incontournable par T. BENDERITTER

Un site consacré à Sethy 1er par Raymond Monfort