PHILAE LA PERLE DE L'ÉGYPTE Oasis de beauté et de spiritualité |
Le domaine d'Isis Située en amont de la première cataracte, l'île de Philae fut pendant des siècles le domaine d'Isis, dont le culte resta actif jusqu'au VIème siècle après J.C. et dès l'époque ptolémaïque, le grand temple de la déesse est l'un des sanctuaires les plus importants d'Égypte et de Nubie. Chaque année, d'importantes fêtes cultuelles s'y déroulaient : Isis, à la fois femme, épouse, mère universelle, magicienne était la réponse aux questions de la vie, de la mort, de la résurrection. En tant que déesse-mère, elle était associée à l'Inondation, dispensant ses bienfaits sur l'Égypte. Selon la légende, c'est sur la colline émergée qu'Isis engendra Horus, fils d'Osiris, dont le domaine se situe en face, sur l'île de Bigeh. En effet, Isis, après avoir retrouvé tous les morceaux du corps de son époux tué par Seth, consitua la première momie qu'elle cacha à Bigeh. Le mythe d'Osiris resta vivace jusqu'à la christianisation totale de la Nubie. En 391 ap. JC, l'empereur Théodose proclama le christianisme comme étant la seule religion et fit fermer tous les temples égyptiens. Le sanctuaire d'Isis devint un centre de résistance, accueillant les adeptes de l'ancienne religion. Mais l'empeur Justinien eut finalement raison des prêtres d'Isis et les chassa en l'an 550. Isis ne disparut pas pour autant définitivement, son culte s'étant répandu dans tout l'empire romain. Les scènes religieuses de la vierge Marie s'inspirèrent pendant longtemps des images et représentations de la Grande Déesse. |
Plan |
Les monuments Dès la XXVème dynastie, l'île de Philae se couvre d'édifices cultuels. Taharqa y érige en effet un temple dédié à Amon. Sous la XXXème dynastie, Nectanebo Ier (380 - 362 av. J.C.) fait construire un monument au sud-ouest de l'île dont il reste un pavillon. Ses colonnes sont à chapiteaux aux motifs de végétaux, qu'une représentation d'Hathor coiffée d'un naos surmonte. Dès l'entrée du site, la présence de la déesse protège ces lieux mythiques. Le sanctuaire principal est l'oeuvre des Ptolémées. Il est encadré par deux petits temples, un à l'effigie du dieu nubien Arsénouphis, l'autre dédié à Imhotep, grand bâtisseur de la pyramide Djeser. On y accède par une allée bordée de deux colonnades réalisées par l'empereur Auguste. Le portique occidental, composé de trente deux colonnes aux chapiteaux gréco-romains, reflète dans le Nil les noms d'empereurs. L'entrée est dominée par un premier pylône sur lequel des scènes représentent Ptolémée XII massacrant ses ennemis en présence des divinités honorées à Philae : Isis, Horus et Hathor. Dans la cour même de l'édifice, entre les deux pylônes, s'élève le mammisi ou "Maison de Naissance" du nom égyptien "per mesout". On y célébrait le rituel de la naissance du fils de la déesse, identifié au pharaon. Devant le deuxième pylône se dresse la stèle de Ptolémée IV. S'étend ensuite la salle hypostyle où l'on peut admirer l'autel en pierre qui soutenait la barque portant la statue d'Isis en procession, chargée de surveiller la crue du Nil. Derrière se trouvaient trois salles datant de Ptolémée II Philadelphe. Près du temple d'Isis, se dresse un pavillon dédié à Hathor. La déesse, ici sous la forme d'une lionne, après avoir dévoré les hommes revient de Nubie et s'apaise, cessant ses tueries. Elle devient alors déesse de la Joie et de l'Amour. A Philae, la lionne redoutable, Sekhmet, venant du désert de Nubie, se transformait en une femme sublime, offrant au monde la vie, l'amour et la plénitude. Les empereurs romains laissent une empreinte généreuse sur l'île de Philae :
Sous l'époque copte, la cour fut transformée en église et certaines représentations d'Isis ont été martelées, comme on peut le voir sur le premier pylône. Mais partout sur le site, les détails (cobra protecteur, volutes, scènes rituelles ou représentations d'Hathor et d'Isis...) subjuguent le visiteur et confèrent au lieu un charme envoûtant. "La grâce surnaturelle d'Isis a à jamais enchanté les pierres blondes et chaudes". |
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Le sauvetage du site
Dès 1902 avec la réalisation du premier barrage, l'île était submergée huit mois par ans. A chaque décrue, les édifices apparaissaient davantage dégradés. Mais avec la construction du Haut Barrage, le Saad-el-Ali, ils étaient condamnés à disparaître définitivement sous les eaux de la retenue du lac Nasser. Sous l'impulsion de l'U.N.E.S.C.O., lors de la campagne du sauvetage des temples de Nubie, les édifices furent sauvés. Les travaux durèrent de 1972 à 1980. L'îlot granitique d'Algikia, dont la silhouette rappelait celle de l'île de Philae, fut choisie pour accueillir les monuments. Après avoir été remodelé et ceinturé d'un batardeau, il put enfin recevoir les sanctuaires démontés pierre par pierre, selon la technique brillante utilisée à Abou Simbel. Aujourd'hui, les pylônes regardent à nouveau vers la Nubie. Et même s'il n'y a plus de crue, la Lointaine est ressuscitée... |
Dictionnaire de l'Ancienne Égypte de Maurizio Damiano-Appia Égypte Terre des Pharaons d'Alberto Siliotti Égypte Nubienne : Géo N° 248 Articles de Christiane Desroches Noblecourt |
Un article de l'Unesco sur le temple de Philae Philae, Perle de l'Egypte : Bibliothèque en ligne de Clio La galerie de photos consacrée à Philae du site de Photos d'Égypte. Une page consacrée à Philae sur L'Egypte Ancienne de Bastet. |
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