C'est sur la hauteur qui domine la crique de Taffa, sur la rive occidentale, que Ramsès II, encore corégent de son père Séthy 1er, choisit d'édifier un sanctuaire dédié à Amon-Rê. Cet hémi-spéos (à moitié taillé dans la roche) se compose de deux parties : un ensemble bâti à ciel ouvert et une grotte artificielle creusée selon le traditionnel axe est-ouest. Sans doute Ramsès II s'est-il inspiré du spéos du Général Horemheb, à Abou Oda..

On accède à la cour par une porte, dédiée à Rê-Horakhty. A l'origine, deux tours en brique crue encadraient l'entrée. La façade du temple étant trop petite, ce sont les murs latéraux qui sont consacrés, non pas aux divinités, mais aux exploits guerriers du jeune pharaon. Ramsès II innove ici en intégrant aux scènes cultuelles des représentations profanes, le figurant en vainqueur de la Nubie conquise et soumise.

Sur la paroi sud, Ramsès II mate le pays rebelle du Koush. Sur la paroi nord, il s'affiche en vainqueur des Syriens et Lybiens.

Le spéos, situé au fond de la cour est accessible par trois portes taillées dans la roche qui ouvrent sur deux salles rupestres. Tout d'abord, le vestibule, orné de deux colonnes protodoriques présente des parois aux tableaux cultuels. Sur celle du sud, Ramsès II montre son souhait de bénéficier de nombreuses fêtes-Sed en se présentant devant l'Horus de Bouhen, accompagné d'Hathor qui tient les insignes jubilaires et d'Isis-Scorpion, patronne de Nubie. Respectant un parfait parallélisme avec le mur sud, c'est Anouket, déesse de l'île de Sehel, munie des insignes de la fête-Seb qui escorte pharaon, offrant le vin à Khnoum et Satet, divinités nubiennes d'Éléphantine.

La même rigueur est mise en valeur sur la porte donnant accès au Saint-des-Saints : le tableau gauche révèle Ramsès II offrant une image de Mâat à Amon-Rê alors que le tableau droit le présente lui offrant du vin.

Les trois statues de la niche, taillées dans la roche, représentent Ramsès II entouré vraisemblablement d'Amon-Rê et de Khnoum, mais leur détérioration ne permet d'assurer avec certitude cette hypothèse.

En se retournant, on peut admirer deux magnifiques scènes d'allaitement : au sud, c'est Isis qui donne le lait à notre pharaon alors qu'au nord, il le reçoit d'Anouket.

Ce qu'il faut retenir de cet hémi-spéos est l'introduction de scènes profanes aux côtés de registres sacrés. Pour la première fois, un pharaon mêle des scènes militaires dans un domaine réservé au culte.

Mais tout en exprimant sa volonté de bénéficier de l'assurance éternelle par de nombreux jubilés, Ramsès II n'oublie jamais d'honorer, outre Amon, les divinités locales d'une Nubie conquise et alliée.

L'hémi-spéos de Beït-el-Ouali est également marqué du passage des Chrétiens, qui lors de la reconversion du sanctuaire en église, transformèrent la porte centrale de la façade du spéos en taillant le rocher supérieur en anse.

Entre 1960 et 1964, suite à la réalisation du Saad-el-Ali, le sanctuaire a été sauvé des eaux par l'aide internationale et trône aujourd'hui sur le site de "La Nouvelle Kalabchah" au côté du temple de Kalabchah et du kiosque de Kertassi.