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LES PHARAONS EN NUBIE

 

LES THOUTMOSIDES

La XVIII ème dynastie est marquée par des noms tout aussi prestigieux les uns que les autres : les Amenhotep et les Thoutmès (ou Thoutmosis), ces grands pharaons conquérants à l'origine d'un vaste empire égyptien qui englobait le couloir syro-palestinien s'étendait alors jusqu'à la 5ème cataracte, Wawat et Koush enfin annexés.

THOUTMOSIS Ier

C'est avec Thoutmosis I (- 1495-1483), fils d'Amenhotep Ier, époux d'Ahmès, père de Hatchepsout que le notion d'empire apparaît. Dès son intronisation, il se lança dans une campagne militaire en Nubie, pacifiant les populations , annexant le pays du Koush.

Deux stèles- frontière relatent ses exploits. Sur celle de Tombos, au niveau de la 3ème cataracte, on peut y lire une inscription triomphale, que je trouve très poignante et révélatrice :

"Il a terrassé les chefs des Nubiens ; le Nègre est sans force, sans défense, saisi par son poing il a réuni les frontières de ses voisins ; il n'y a pas un survivant parmi les Hommes-aux-cheveux bouclés qui s'étaient insurgés contre sa protection, il n'en reste pas un seul parmi eux. Les Nubiens sont à terre, massacrés, rejetés sur le côté à travers leur pays. Une puanteur de cadavres inonde leurs vallées. Il n'existe plus d'hommes qui marchent contre lui parmi les Neuf Arcs rassemblés ; il est comme une panthère, toujours jeune, marchant parmi les troupeaux au pacage ; la gloire de Sa Majesté les aveugle. Les limites de la terre entière ont été atteintes, ses extrémités ont été franchies, grâce à son bras puissant qui recherche le combat. Il ne se trouve désormais personne qui ose se mesurer à lui. Des vallées ignorées de ses prédécesseurs ont été ouvertes, que jamais n'avaient vues ceux que coiffent le pschent. Sa frontière méridionale s'étend jusqu'à Sud de ce pays, sa frontière septentrionale jusqu'à cette fameuse eau errante dont le courant remonte vers le Sud. Une chose semblable n'était jamais arrivé à d'autres rois..."

Quant à celle gravée dans le rocher de Hager-el-Meroua, à Kenissa, elle témoigne d'un empire égyptien étendu jusqu'à la 5ème cataracte, limite encore jamais atteinte. Il ne reste plus rien de la forteresse qu'il y fit ériger.

Thoutmosis Ier organisa la Nubie en cinq provinces, dirigée chacune par des chefs nubiens soumis, les intégrant ainsi à l'administration égyptienne.

C'est également à ce pharaon que l'on prête le désensablement du canal de Sehel travaux entrepris sous Sésostris III.

THOUTMOSIS II

Thoutmosis II (1483-1480), fils de Thoutmosis Ier et de Moutnefer, eut quant à lui, à mater une répression en Haute Nubie, au pays de Koush, comme le relate cette inscription trouvée sur l'île de Philaé :

"....Alors sa Majesté envoya une armée nombreuse en Nubie, en tant que sa première occasion de victoire, afin de détruire tous ceux qui s'étaient rebellés contre sa Majesté et tous ceux qui s'étaient révoltés contre le Seigneur des Deux-Terres...Cette armée de sa majesté détruisit ces étrangers et ils ne laissèrent vivre personne de leurs mâles, selon tout ce que sa Majesté avait ordonné, sauf pour un de ces enfants d'un chef du vil pays du Koush, amené vivant comme captif avec ses proches à l'endroit où était sa Majesté et placé aux pieds de Sa Majesté....Ce pays étranger fut réduit à l'état de sujet de sa Majesté, selon son ancienne condition, le peuple jubilant et les troupes se réjouissant, alors qu'ils accordaient louanges au maître du double Pays et qu'ils applaudissaient ce dieu excellent dans les manifestations de sa divinité".

En seulement trois années de règne, il marqua son passage à Semna et Koumma, villes fortifiées entre la 2ème et 3ème cataracte, en Haute Nubie.

THOUTMOSIS III

 

Thoutmosis III (1479-1425), fils de Thoutmosis II et d'une épouse secondaire, Isis, il est celui qui a bâti l'empire égyptien. Élevé dans la tradition, il régna dès son jeune âge, non dans l'ombre mais au côté d'Hatchepsout, qui l'intégra à chacune de ses actions. En l'an 22, il se trouva seul sur le trône et engagea immédiatement ces célèbres campagnes militaires devenues légendaires, retracées dans les "Annales" de Karnak. On ne lui en compte pas moins de dix sept, plus particulièrement en Asie, mais son oeuvre fut considérable en Nubie.

Suivant les traces de son grand-père, Thoutmosis Ier, il atteignit également la 5ème cataracte et fit graver une stèle-frontalière à côté de celle de son illustre aïeul, à Kenissa. Grand bâtisseur d'empire, mais aussi grand constructeur, il remplaça les sanctuaires construits en brique au Moyen Empire par des temples de pierres. Son œuvre architecturale est immense et couvre Basse et Haute Nubie, jusqu'au Gebel Barkal où on peut lire sur une stèle : "Ils me servent comme un seul, imposés d'un million de tributs constant en de nombreux produits de l'extrême sud et de beaucoup d'or de Wawat, en quantité illimitée...."

  • Sur la rive gauche du Nil, face à la citadelle de Kouban, il fit ériger un temple dédié à l'Horus de Baki (ancienne Kouban).
  • A Koumma, il rénova le temple érigé par Thoutmosis Ier, dédié à Khnoum
  • A Dakka, les fouilles ont révélé des portraits de Thoutmosis III sculptés dans des blocs de pierre, servant du base à l'édifice érigé sous la période ptolémaïque.
  • A Éléphantine, il fit élever un sanctuaire en l'honneur de Satet.
  • Dans le rocher de Kasr Ibrîm, au pied de la forteresse, il fit creuser une niche dans laquelle la statuaire le représente entouré de l'Horus de Miam et de Satet.
  • On lui attribue également une chapelle à el-Lessiya et un magnifique temple à Amada, qui conserve encore de magnifiques peintures.

En 54 ans de règne dont 33 seul, il plaça l'Égypte au sein d'un vaste empire, englobant le Soudan actuel et le couloir syro-palestinien. Paix, prospérité, richesses sans cesse accrues par l'apport des tributs, profiteront aux souverains suivants.

THOUTMOSIS IV

 

Sculpture temple de KarnakFils de Amenhotep II, Thoutmès IV Menkheperourê (-1401-1391) profita pendant ses neuf années de règne de la paix et de la stabilité acquise par ses prédécesseurs.

On ne lui connaît qu'une expédition en Nubie, mais sans aucune envergure : peut-être seulement une visite de contrôle !

De ses constructions, il reste la salle hypostyle dans le temple d'Amada.

 

 

 

Sous les Thoutmosides, la Nubie (Wawat et Koush réunis) profita de l'emprise égyptienne du Nouvel Empire. Annexée à une Égypte alors des plus rayonnantes, placée sous le contrôle administratif d'un "vice-roi de Koush", elle bénéficia d'une paix et d'une sécurité que son désir d'indépendance perpétuel ne lui permit plus vraiment de retrouver au cours de l'histoire pharaonique.