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LES PHARAONS EN NUBIE

 

HATCHEPSOUT  

Photo de Nicolas Bochinski (2001)    

 

PORTRAIT 

"La femme Pharaon"

"Mon autorité se dresse, inébranlable, comme les montagnes, le disque solaire brille et étend ses rayons sur la titulature de mon auguste personne et mon faucon s'élève au-dessus de la bannière royale pour l'éternité".

La reine, ou plutôt le Roi Hatchepsout régna plus de 20 ans sous la XVIIIème dynastie. Fille aînée du roi Thoutmosis I, mariée à Thoutmosis II, son demi-frère, et tutrice de Thoutmosis III, son neveu, elle défia la tradition et monta sur le trône divin, devenant l'incarnation féminine d'un rôle masculin.

Son règne se caractérisa par le maintien d'une paix intérieure et extérieure et par un programme architectural gigantesque.

En l'an 7 de sa régence, Hatchepsout est couronné Roi d'Égypte sous le nom de Maâtkarê Hatshepsout

("maât est le ka de Rê, soit la Vérité est l'âme du dieu-soleil ")

"La regarder était plus beau que tout !

Sa splendeur et sa forme étaient divines, c'était une jeune fille belle et resplendissante"

Cette description, faite par Hatchepsout elle-même, confirme la complexité du personnage : tantôt femme (pour séduire sans aucun doute Senenmout), tantôt homme (pour plaire au peuple qui ne peut reconnaître une femme pour pharaon), sa forte personnalité lui a sans doute permis d'accumuler cette succession de triomphes qu'on lui connaît.

"Sa majesté se mit avec ses propres mains de l'huile d'ani sur tous les membres. Son parfum était celui d'une haleine divine, son odeur allait jusqu'au pays de Pount. Sa peau était en or, elle brillait comme les étoiles".

Mais à partir de son couronnement, elle ne tint plus à être reconnue comme une femme. Elle troqua robe-fourreau et couronne de reine contre pagne court, némès et fausse barbe. L'abondance de statues la représentant masculine prouve qu'elle ne faillira pas dans son désir de devenir Roi Hatchepsout.

Ainsi travestie, elle devenait l'égale des pharaons, maintenant l'ordre de Maât et pouvant accéder à la personnification vivante d'Horus.

Femme malgré tout, elle s'éprit donc de Senenmout, issu de famille pourtant modeste mais dont l'ambition lui permit d'accéder aux faveurs de la reine. Il devint alors son premier conseiller et précepteur de la princesse Neferoure, accumulant richesses et titres, abusant petit à petit de sa confiance.

Découvert, la réponse de Hatchepsout ne se fit pas attendre : un roi ne peut accepter la trahison. Senenmout perdit immédiatement ses titres et disparut mystérieusement. Cette affaire affaiblit toutefois Hatchepsout qui perdit la couronne deux ans après la chute de son "fidèle", laissant Thoutmosis III seul pharaon d'Égypte.

La fascinante personnalité de cette reine suscite encore aujourd'hui bien des polémiques :

Dédoublement de personnalité ? Trouble du comportement ? Ambition démesurée ?

Encore une énigme laissée par cette étrange et si fascinante civilisation !

 

Hatchepsout en Nubie

 

Hatchepsout à Deir el Bahari : Photo Corine DalleLe règne du Roi Hatchepsout se caractérise par une politique étrangère basée sur des relations commerciales et des explorations audacieuses, telles les expéditions vers la Phénicie (d'où elle importe du bois nécessaire à la construction des bateaux) ou vers le Sinaï (pour y exploiter mines de cuivre et de turquoise).

Mais la plus célèbre reste l'expédition vers le Pays de Pount, en l'an 8 de son règne, de laquelle, elle ressort glorifiée : les bateaux sont chargés de produits de luxe (myrrhe, ébène, encens, ivoire et or). Les relations commerciales, interrompues depuis presque trois cent ans avec le Pount, reprennent grâce à Hatchepsout. Les scènes sculptées sur les parois de la deuxième terrasse du temple de Deir-el-Bahari sont de magnifiques témoignages de son voyage.

En l'an 12, elle eut à mater, semble-t-il, une rebellion au niveau de la 2ème cataracte.

Même si la majorité de ses constructions en Nubie furent détruites par la suite pour des raisons politiques, il subsiste quelques traces de son passage à Kasr Ibrîm, à Bouhen (où elle fit élever un petit temple dédié à Horus), à Semna et Koumma (qu'elle reconstruisit), ainsi qu'au Gebel-el-Silsilé (où elle fit creuser des chapelles rupestres pour ses plus grands fonctionnaires, dont le célèbre architecte Senenmout).

 

edification de monuments

"Je suis sa fille en vérité qui travaille pour lui et qui sait ici ce qu'il désire. Mon père me récompense avec la vie, la stabilité, la domination sur le trône d'Horus de tous les Vivants, comme Rê, pour toujours".

Fier de ses expéditions, le roi Hatchepsout se lança dans un programme de travaux publics très ambitieux, restaurant les monuments des anciens pharaons et construisant des temples à la gloire des dieux, et ce pour trois raisons :

Elle prouvait ainsi au peuple la prospérité économique du nouveau régime.

Par ailleurs, ces temples assuraient la vie éternelle au nom de leur fondateur et représentaient en même temps la plus belle offrande qu'un roi puisse faire aux Dieux.

Enfin, les murs de ces monuments devenaient un moyen efficace pour exercer une propagande vis à vis du peuple, mais surtout pour proclamer la gloire du roi Hatchepsout.

On peut citer entre autre :

Le spéos Artemidos, dédié à Pakhet (déesse locale), la féroce déesse du désert représentée avec une tête de lionne. Sur les murs on peut y lire : "Mon souffle brûlant embrasera tes ennemis".

Obélisque d'Hatchepsout : photo de Nicolas Bochinski

Deux paires d'obélisques en granit, une dressée dans la salle hypostyle de Thoutmosis I, à Karnak, l'autre "les obélisques orientaux" adossée à la paroi est. Sur l'une de ces "flèches du ciel", on peut y lire des inscriptions confirmant le lien qu'elle voulait entretenir avec Amon, légitmant continuellement sa nature divine : "Je l'ai fait pour lui avec affection comme le fait un roi pour un Dieu. C'était mon désir de le faire dorer à l'électrum...."

 

Le célèbre Djeser Djeserou "Le Sacré des Sacrés" plus connu sous le nom du temple de Deir-el-Bahari. Situé dans un lieu associé au culte de la déesse Hathor, il se découpe dans les falaises abruptes de la montagne thébaine.

Trois rois (Montouhotep II, Hatchepsout et enfin Thoutmosis III) y érigeront leur "Temple des Millions d'Années". Mais on doit ce chef d'oeuvre à Senenmout, grand intendant d'Amon, qui concevra une nouvelle formule architecturale : afin que l'édifice épouse parfaitement le cirque, il imaginera un système de terrasses, les soulignant par des portiques et colonnades, les personnifiant par des chapelles.

Photo d'Alain Drèze : Photos d'Égypte

 

Photo Corine DalleRestauré par la mission polonaise, ce temple reste aujourd'hui un site incontournable en Égypte, saisissant le visiteur par son antique splendeur.

C'est au Sud-Ouest de Deir-el-Bahari, à quelques centaines de mètres, que Gaston Maspero retrouva en 1881 la célèbre "cachette" des momies des plus grands pharaons (dont Ramsès II), cachées par le clergé, inquiet des violations des sépultures royales pendant la XXIème dynastie.

 

 

 

L'histoire d'Hatchepsout, par son manque de documentation, ne rivalisera jamais avec les mythes qui s'agrandissent autour de femmes telles Cléopâtre.

Mais ce que l'on peut dire, c'est que de son vivant, Hatchepsout réinvente son personnage et écrit sa propre légende.