L'historiographie napatéenne peut se diviser en deux phases : la période koushite dont la XXVème dynastie dite des "Pharaons Noirs" est issue et le Royaume de Napata (650 à 300 avt n.è.). Au coeur d'une région fertile mais surtout au centre des échanges entre l'Afrique et l'Egypte, cet état souverain acquiert rapidement indépendance et puissance. Les dynastes napatéens,  n'ayant alors rien à craindre d'une Egypte affaiblie par la décadence des derniers Ramessides, règnent pendant presqu'un siècle en Egypte, assurant stabilité politique et culturelle.

Située au niveau de la 4ème cataracte, leur capitale Napata fut fondée sous la XVIIIè dynastie, sans doute sur les restes d'une ancienne forteresse. Elle fut non seulement un poste stratégique au sein des échanges commerciaux mais également un centre religieux important. A deux kilomètres de la capitale se dresse le Gebel Barkal, la "Montagne sacrée", placée lors de l'égyptianisation de la région sous la protection d'Amon.

Les rites funéraires des rois KOUSHITES

Les fouilles entreprises autour du Gebel Barkal depuis la troisième campagne de l'Unesco, nous révèlent aujourd'hui une évolution des plus intéressantes.

Au Xème siècle avant notre ère, les rois du Sud, libérés du joug d'une Egypte conquérante, renouent avec les rites funéraires du Kerma classique. Dans la nécropole d'El Kurru, la découverte de tumuli de galets recouvrant un puits funéraire témoigne de ces pratiques lointaines.

Au IXè siècle, les pharaons adoptent les rites égyptiens, sans doute influencés par des prêtres de Karnak qui lors des troubles à Thèbes, s'étaient réfugiés au temple d'Amon de Napata. L'architecture funéraire adopte les tombes-mastabas égyptiennes de l'Ancien Empire.

Au VIIIè siècle, les pharaons koushites se réclament d'Amon de Napata qui domine alors toute la Haute Nubie. Ils construisent donc pour Dieu. Les tombes sont alors aménagées de chambres souterraines décorées selon l'art égyptien et surmontées d'une petite pyramide à laquelle est accolée une chapelle. Dans la tombe d'Alara (785-760 av. JC) à El Kurru a été retrouvée une tête coiffée de l'uraeus, symbole de la protection royale. Les cartouches retrouvés dans les diverses sépultures nous apprennent également que les pharaons de la XXVème dynastie entamée par Kashta "le koushite" (760-747 av. J.C.) adoptent la titulature royale égyptienne. Par ailleurs il est intéressant de constater que toutes les titulatures koushites incluent la divinité Rê.

Ce que l'on peut affirmer aujourd'hui est que les pharaons de la XXVème dynastie optent pour la pyramide, la momification et le sarcophage. Sous la période napatéenne, les rois rajoutent le rituel de l'ouverture de la bouche, l'utilisation en abondance de l'or dans le matériel funéraire ainsi que l'accompagnement d'ouschebtis, chargés de servir le défunt dans l'autre-monde. Dans les pyramides de Nuri, il a été également retrouvé des étuis-cylindres richement décorés d'or ou d'argent, sur lesquels figurent divinités et cartouche royal. Leur utilisation reste aujourd'hui encore inexpliquée.

 

Les nEcropoles

Le signe distinctif majeur du monde funéraire koushite est l'utilisation des pyramides, certes plus modestes que les structures égyptiennes. Construites par les fils du roi défunt, elles se répartissent sur six nécropoles et apparaissent dès le Nouvel Empire.

Le premier cimetière des pharaons koushites est celui d'el-Kurru. Pyramide PiyéLes souverains abandonnent le traditionnel tumulus et adoptent avec Piye (747-716 av. J.C), la forme pyramidale selon le modèle égyptien. Même si la superstructure est aujourd'hui entièrement détruite, elle présente encore un escalier composé de 19 marches qui mène au caveau creusé dans la roche, dans lequel se dressait un banc de pierre supportant vraissemblablement le corps du pharaon noir.

La pyramide de Tanoutamon (XXVème D.), ouverte au public offre de magnifiques peintures inspirées des livres funéraires égyptiens ainsi qu'un plafond étoilé.

Les fouilles ont également mis à jour les restes de 24 chevaux vraissemblablement des chars de parade des pharaons koushites, alignés sur quatre files.Taharqa Musée de Berlin

Après la mort de Taharqa, roi de la XXVème dynastie, assassiné par les Assyriens, la nécropole des rois koushites est transférée sur l'autre rive : Nouri. Cette cassure avec la tradition peut s'expliquer par la concrétisation du mythe osirien par les prêtres du Gebel Barkal. "La pyramide fut édifiée sur la rive gauche, où le soleil se couche, rive appartenant au monde des morts. Le Nil y coule est-ouest et la nécropole se place ainsi au soleil levant, lieu de renaissance. Depuis le sommet de la Montagne Pure, la pyramide marquait le lever du soleil vers le solstice d'été et le lever héliaque de Sirius, lorsque le Nil commence chaque année à monter pour inonder le pays. Ces alignements cosmiques symbolisent ainsi pour le roi défunt la mort, les ténèbres et la défaite qui font renaître la vie, la lumière la victoire et la pérennité". Taharqa fut trahit par les princes du delta, tout comme Osiris le fut par Seth. Les Saïtes prennent le contrôle du Sud. En édifiant la pyramide du "Pharaon pur" à Nouri, les prêtres théologiens ont voulu ici sans doute réaffirmer la victoire de Maât et entreprendre une certaine renaissance. Cette tombe royale, haute de 60 m fut par ailleurs la plus haute jamais construite au Soudan.

 

Vue du Gebel BarkalTous les successeurs de Taharqa à l'exception de Tanoutamon sont enterrés à Nouri. La nécropole compte 74 pyramides qui se caractérisent par un pente bien plus raide que celle des édifices égyptiens, l'angle étant beaucoup plus aigu. On dénombre aujourd'hui une vingtaine de tombeaux de rois et environ cinquante de reines.

 

Sous le royaume suivant, la nécropole est transférée à Méroé.

 

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Bibliographie :

"Dictionnaire encyclopédique de l'Ancienne Egypte" de Maurizio Damiano-Appia

"Archéologie au Soudan" : Jacques Reinold

"La Nubie des Pyramides" de Joy Soulé-Nan

Mes sources