"Qu'on se peigne la joie que j'éprouvai en découvrant les sommets d'une foule de pyramides, dont les rayons du soleil, peu élevé encore sur l'horizon, doraient majestueusement les cimes ! Jamais non jamais jour plus heureux n'avait lui pour moi..." Frédéric Cailliaud le 25 avril 1821

 

Située au Nord de la 6ème cataracte, Méroé devient capitale du royaume méroïtique. Une brillante civilisation, basée sur une agriculture prospère, un commerce important et un pouvoir solide, se développa entre le Vème siècle avant notre ère et le IVème siècle après J.C. L'âge d'or de la cité se situe au Ier siècle avant J.C. : Méroé devient alors un grand centre de commerce, réputé pour ses fonderies de fer, minerai abondant dans les collines des steppes environnantes. Vaste métropole, Méroé est au coeur d'échanges entre plusieurs civilisations, nous permettant aujourd'hui de définir la culture méroïtique comme étant un mélange d'influences ptolémaïque, romaine, méditerranéenne et asiatique.

Il est plausible que cette cité fut déjà capitale au VIème siècle av. n.è., les souverains ayant quitté Napata, première capitale du royaume koushite. Il semblerait que les rois napatéens, de plus en plus influencés par le clergé du Gebel Barkal, aient voulu rompre avec cette emprise et renouer avec leur théologie : les souverains kouhsites étaient alors intrônisés par l'Amon de Napata et non plus par celui qu'ils appelaient leur "Excellent Père" qui élisait le pharaon par oracle au sein de la Montagne Pure (système qui nous est connu grâce à la Stèle de l'Election d'Aspelta). La nécropole de Nouri est donc abandonnée sous le règne d'Arkamani (295-275 av. J.C.).

 

LE SITE ARCHEOLOGIQUE

Situé à proximité du village de Bajrawiya, il révèle trois nécropoles.

Tombeau nécropole Nord
  • la nécropole Nord-ouest avec environ 500 tombes et 100 pyramides correspond au cimetière des nobles et des personnages secondaires de la maison régnante.
  • les nécropoles royales (à l'est) dans lesquelles ont été découverts les bijoux de la reine Amanishakheto.
  • la nécropole Nord et Sud, destinée aux rois et reines compte environ une quarantaine de pyramides. (photo d'un tombeau de la nécropole Nord)
Merci Alain Drèze

184 pyramides en grès et à gradin, dont les hauteurs culminent entre 10 et 30 m de haut ont été recensées. Les plus anciennes rappellent le style de Nouri. Vers la cinquième génération, les angles des édifices deviennent plus lisses, les chapelles s'ornent de scènes théologiques. La dernière évolution présente un retour aux pyramides à degrés, construites sans bases solides, ce qui entraina leur tassement, voire leur disparition. Elles sont généralement composées d’un pylône, d’une chapelle funéraire décorée de relief et adossée à l’est de la pyramide, (les deux rappelant le temple égyptien funéraire traditionnel), de la pyramide avec une niche placée au sommet qui abritait la statue du défunt et du caveau souterrain qui accueillait le corps. Durant la période méroïtique, le pharaon et la famille royale étaient au centre du monde funéraire.


Depuis 1976, ces pyramides sont consolidées ou restaurées par l'architecte et nubiologue F. W. HINKEL. Ses travaux ont permis d'identifier une méthode de construction spécifique. De nombreux poteaux de cèdre retrouvés au centre des monuments laisse suggérer la thèse suivante : les bâtisseurs méroïtiques élevaient la superstructure grâce à un système de levage, assise par assise. Cette méthode, ne permettant pas l'érection d'un pyramidion explique la plate-forme traditionnelle des pyramides soudanaises.

 

Tarekeniwal II s ap. J.C.

Mais on peut également y admirer :

  • les vestiges d'un atelier de forge du IVème siècle mis à jour par la S.F.A.S.
  • un sanctuaire d'Apédémak
  • une temple d'Osiris
  • Un temple d'Amon
  • de nombreux sanctuaires
  • les ruines de la cité, déjà identifiées par James Bruce en 1772 et dégagées en 1910
 

Les fouilles archéologiques ont livré récemment des témoignages méroïtiques telles des parures (comme cette bague), des statues funéraires dites "statues-bâ" ou encore une statue royale en bronze, nous apportant la preuve de la maîtrise de l'art à cette époque.

bague de Méroé

Méroé s'effondre vers 350 après J.C., avec vraisemblablement le déclin de sa richesse et l'arrivée des Nobades. Débute alors la période post-méroïtique.

Mais le mystère entourant cette civilisation marginale et fascinante, qui inspira un grand nombre d'auteurs (Hérodote, Strabon ou Diodore de Sicile) reste encore bien enfoui sous les sables de cette Nubie soudanaise.....


Bibliographie :

"Dictionnaire encyclopédique de l'Ancienne Egypte" de Maurizio Damiano-Appia

"Archéologie au Soudan" : Jacques Reinold

"La Nubie des Pyramides" de Joy Soulé-Nan

Voir aussi

 

 

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