"Comment
se fait-il que n'importe quel étranger se sente citoyen d'Assouan ?"
R. SOLE.
Située juste après la 1ère cataracte,
l'antique Syène (de l'arabe souanet qui signifie marché)
marque encore la frontière avec le Sud de l' Égypte, géographiquement
et culturellement, mais reste toujours le point de départ vers
la Nubie.
Composée de nombreuses îles,
la région d'Assouan doit sa célébrité à
l'île Éléphantine,
l'antique Abu, qui fut longtemps capitale du 1er nome, et centre administratif
et commercial. Les ruines témoignent de l'importance du site
sous l'époque romaine (notamment un temple dédié
à Khnoum, "Maître
de la cataracte") mais on peut y voir le célèbre
nilomètre qui servait à mesurer la montée des eaux
et permettait ainsi de juger de l'importance de l'inondation. Mythologiquement,
l'île abritait la caverne du dieu Hapy,
"l'Esprit du Nil".
L'île aux Fleurs ou "Kitchener"
doit son nom au consul général d'Égypte qui transforma
l'îlot en jardin botanique, visite incontournable des visiteurs
d'Assouan. Une autre merveille de la ville est sans aucun doute le musée
des antiquités de Nubie, inauguré en 1998, qui a travers
plus de 4000 pièces, dans un édifice à l'architecture
typique, présente histoires et cultures nubiennes sur plusieurs
époques.
Vers le Sud-Est se trouve l'île d'Algikia,
sur laquelle ont été rebâtis les temples cultuels
de Philaé, lors du sauvetage
des temples nubiens, en 1960.
Non seulement plaque tournante du commerce
avec la Nubie, la région dut son expansion aux carrières
de granit environnantes, exploitées jusqu'à l'époque
gréco-romaine. Aujourd'hui ouvertes aux visiteurs, on peut y
admirer des stèles gravées par des artisans et de nombreux
ouvrages inachevés telle une représentation statuaire
gigantesque d'Osiris ou un obélisque inachevé. Sans une
fissure stoppant le travail des ouvriers, il serait sans doute le plus
haut obélisque jamais érigé.
Domaine du
sable, de la falaise et de la pierraille, la rive gauche abrite le monde
du silence. Les nombreuses hypogées des nomarques d'Éléphantine,
creusées dans les parois rocheuses confirment le rayonnement
de l'île pendant le Moyen Empire. Les gouverneurs de Syène
tiraient en effet leurs revenus des taxes perçues sur les caravanes
qui allaient vendre or, ébène et encens dans les terres
du Nord. Le célèbre mausolée de l'Agha Khan, 48ème
imam de la secte musulmane des Ismaïliens, domine le Nil.
Assouan, c'est aussi le ballet incessant des felouques,
faisant partie intégrante du paysage nilotique. Elles restent
encore un des principaux moyens de transports de marchandises et
animaux, remontant le fleuve sur des centaines de kilomètres.
On ne peut évoquer aujourd'hui Assouan sans parler
du "haut barrage", le célèbre Saad-el-Ali,
jadis fierté des Égyptiens. Aux dimensions pharaoniques,
ses résultats sont loin des attentes escomptées.
C'est
peut-être ici,
aux portes de la Nubie, de l'Afrique Noire,
que l'on trouve cette Égypte éternelle si recherchée...