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LES PHARAONS EN NUBIE

 

SOUS LA XIIème Dynastie

Moyen Empire

 

Amenemhat 1er : 1991 - 1962

Sesostris 1er : 1962 - 1928

Amenemhat II : 1928 - 1895

Sesostris II : 1895 - 1878

Sesostris III : 1878 - 1842

Amenemhat III : 1842 - 1797

Amenemhat IV : 1797 - 1790

Neferoursobek : 1790 - 1785

Sous la XIIème dynastie, quatre pharaons prirent le nom d'Amenemhat, soit "Amon est en avant", rappelant ainsi les liens qui les unirent au dieu de Thèbes, qu'ils eurent pour capitale.

Quant aux trois Sesostris, ou Senousret, "l'Homme de Ouseret", c'est sous la protection de cette déesse guerrière associée à Sekhmet et de Rê qu'ils entreprirent la conquête des terres du Sud. Sesostris Ier transféra la capitale à Licht.

AMENEMHAT Ier

La XIIème dynastie s'ouvre avec le pharaon Amenemhat Ier, qui au nom de Amon ("Amon est en avant") entreprit d'annexer les terres du sud. Ne se contentant pas de mater le Wawat, puis le Koush, il mit en place un programme visant à défendre les frontières, et fit ériger un mur continu sur la rive droite du Nil, à partir d'Assouan. Il redéfinit le cadastre, plaçant les régions conquises sous la direction de chefs locaux rattachés au palais. Comme le relate un vizir accompagnant le roi lors d'une expédition de contrôle en Wawat, la pacification des terres était déjà bien affirmée dès le début de la XIIème dynastie :

"Ayant remonté le fleuve victorieusement en tuant le Néhésy, j'ai descendu en récoltant leurs céréales et en abattant leurs arbres, en incendiant leurs maisons, comme il convient vis-à-vis de celui qui se rebellait contre le roi"

Décédé suite à un attentat fomenté au harem, il laisse une Égypte conquérante à son fils Senousret 1er, initié très tôt par son père aux affaires politiques, intérieures et extérieures.

KHEPERKARÊ-SESOTRIS Ier

 

C'est au retour d'une campagne militaire en Libye que Sesostris 1er apprit le complot dont fut victime son père. Corégent depuis dix ans, il sut s'imposer sur le trône et déploya une intense activité en politique extérieure.

Senousret 1er ("l'Homme de Ouseret", déesse dite la Puissance, assimilée à la déesse guerrière Sekhmet) conforta l'œuvre d'Amenemhat 1er en trois campagnes militaires. Il soumit les rebelles du pays du Wawat, puis ceux du Koush, étendant l'empire égyptien jusqu'à la 3 ème cataracte en installant un formidable système défensif. Il fit ériger villes fortifiées, bastions, temples et citadelles, chargées d'affirmer l'autorité égyptienne en Nubie. Les forteresses en brique crues, comprenant fossés et douves longeant le fleuve, protégeaient l'Égypte contre les envahisseurs soudanais.

Il colonisa progressivement et fermement, les terres bénéfiques à l'accroissement de la richesse du pays, exploita mines et carrières après les avoir sécuriser et maintint des échanges commerciaux jusqu'au Kerma.

La prospérité réapparut, des centres commerciaux furent créés, comme Mirgissa.

Bouhen, ville frontière entièrement construite au niveau de la 2ème cataracte, devint le centre administratif égyptien, assurant le contrôle de la navigation fluviale et terrestre des ressources échangées. Maître de la colonisation, Sesostris Ier y sera d'ailleurs vénéré comme un souverain déifié.

Il fut non seulement un valeureux militaire, mais également un grand bâtisseur. Il fit ériger et rénover de nombreux sanctuaires (dont la chapelle blanche à Karnak reste aujourd'hui un magnifique témoignage). C'est également sous son règne que la littérature propagandiste, visant toujours à légitimer l'avènement au trône de Senousret 1er dans une période de troubles, connut un développement sans précédent ("Les Aventures de Sinouhé", "les Enseignements d'Amenemhat 1er" ou "les enseignements loyalistes" sont devenus des classiques du genre).

Senousret 1er, pharaon aux faits légendaires jusqu'à la période grecque, apporta, pendant ses trente cinq ans de règne, paix et stabilité qui profitèrent aux souverains suivants.

 

En trente ans de souveraineté, Amenemhat II, fils de Senousret 1er n'eut guère à intervenir en Nubie. Les agressions locales se raréfiant, on lui connaît une expédition de contrôle des forteresses en Wawat, en l'an 3 du règne de son fils Sesostris II, d'après le récit d'un émissaire du pharaon : "J'ai atteint Ta-Sety des Nehesyou venus en se prosternant à cause de la peur qu'inspire le Maître des Deux pays. Etant à Ha, j'ai parcouru la région et j'en ai apporté des végétaux".

Quant à Sesostris II, il organisa en quinze ans de royauté une seule expédition vers le pays du Pwéné (ou Pount), à la fin de son règne.

 

KHEPERKARÊ-SESOTRIS III
SESOSTRIS III
Sesostris III fut le pacificateur de la Basse Nubie. En trente six ans, il organisa quatre campagnes militaires jusqu'au pays du Koush. Celles de l'an 8, l'an 10 et l'an 16 lui permirent de mater définitivement les belliqueux, annexant à l'Égypte, les terres soumises.

C'est au cours de cette dernière qu'il érigea deux stèles identiques, une à Ourornarti, l'autre à Semna, commémorant la soumission de la Nubie.

On peut y lire ces mots gravés à l'attention de ses troupes :

 

"Puisque se taire, après une attaque, c'est enhardir le cœur de l'ennemi, c'est du courage que d'être agressif, et de la lâcheté que de faire retraite. C'est un vrai couard celui qui est repoussé de sa frontière...Si on est agressif envers cet adversaire il tourne le dos, mais si on se retire, il en vient à être agressif. Ce ne sont pas des gens que l'on respecte, ce sont des misérables au cœur brisé. Ainsi, tout fils de moi qui maintiendra cette frontière établie par ma Majesté, c'est mon fils et il a été engendré par ma Majesté ; il est à l'image du fils protecteur de son père, celui qui maintiendra la frontière de celui qui l'a engendré".

En l'an 19, il atteignit la 2ème cataracte, assurant la domination égyptienne jusqu'à Semna. Construisant ou rénovant pas moins de huit bastions de brique crue, il renforça la chaîne de forteresses entamée par Sésostris 1er. Il agrandit ainsi Bouhen, créa Semna Sud (dite Kouma), Faras ou encore Ourornarti. Afin de faciliter la route menant à la 1ère cataracte, il désensabla le canal du Sehel, oeuvre entreprise déjà sous Merenrê (VIème dynastie) et l'on peut y lire "splendides sont les chemins de Kheperkarê éternellement". Cette muraille de citadelles protégea sur plus de dix kilomètres, l'empire égyptien naissant, des agressions du Sud.

Contrairement à Sesostris 1er, il mit fin au pouvoir des nomarques en plaçant l'autorité du pays sous la charge du vizir, responsable de trois ministères : "le Nord, le Sud et la Tête du Sud, c'est à dire Éléphantine et la Basse-Nubie", freinant ainsi les autorités locales indépendantes du Palais.

Si l'on veut résumer l'œuvre de Sesostris III en Nubie, il est celui qui pacifia, unifia et annexa la région entre la 1ère et 2ème cataracte, le Wawat, en lui assurant une sécurité contre les agressions perpétuelles du Koush, seconde contrée qu'il contrôla mais ne put coloniser.

Son œuvre fut telle qu'il fut vénéré dans la citadelle d'Ouronarti tel un pharaon déifié. De grandes fêtes y étaient organisées à sa gloire. Il entra finalement dans la légende grâce à Hérodote.

 

AMENEMHAT III

Fils de Senousret III, il fut le dernier grand pharaon de la XIIème dynastie. Ce fut quarante cinq ans de règne qui menèrent le royaume à la prospérité. En Égypte, il développa la zone marécageuse du Fayoum, favorisa l'aménagement de villages ouvriers, construisit à l'image des grands pharaons.

Vers l'extérieur, il continua d'assurer l'autorité égyptienne mise en place par ses prédécesseurs. En Nubie, il consolida la frontière à Semna mais n'eut pas à entreprendre d'expéditions militaires, la paix régnant pour un temps aux pays du Wawat et du Koush. Grand bâtisseur, il érigea un temple à Kouban, forteresse de Basse-Nubie, point de départ vers les mines du Wadi Allaki.

 

 

La XIIème dynastie s'affaiblit et perdit le contrôle des terres du Sud. Le Wawat tomba à nouveau entre les mains de divers chefs locaux, l'unité du Koush perdura sous l'autorité d'un vice-roi koushite. La citadelle de Bouhen fut pillée et détruite. Les Hyksos envahisseurs s'allièrent avec les Koushites contre l'Égypte. Il faudra attendre le Nouvel Empire pour retrouver l'autorité égyptienne en Haute et Basse-Nubie.