Les cultures nubiennes

 

LES TEMPS PRÉHISTORIQUES :

Grâce aux découvertes effectuées par la mission de l'Université de Genève, ossements et outils permettent de dater les premières traces humaines à environ 800 000 ans.

On divise le paléolithique en trois phases :

  • le paléolithique ancien sur un territoire allant de Khartoum à la Mer Rouge
  • le paléolithique moyen caractérisé par une avancée des techniques, comme le prouvent les fouilles à Saï
  • le paléolithique supérieur (25 000 ans) que l'on situe localement sur les rives du Nil, vivant de pêche (cultures dites de la "Cataract Tradition").

Vient ensuite l'épipaléolithique (à rapprocher du Cro-Magnon) caractérisé par les activités de cueillette, chasse et pêche. Trois des quatre cultures de cette phase préhistorique émergent au niveau de la deuxième cataracte : le Shamarkien, l'Arkinien et le Qadien, cette dernière révélant la première tentative d'agriculture.

La fin du mésolithique correspond à un climat chaud et humide, créant de nombreux lacs (le Tchad) et des marécages. Les récentes découvertes paléobotaniques faites par l'Université de Cologne démontrent que le cours du Wadi Howar était alors tributaire du Nil, impliquant une faune et une flore déplacée aujourd'hui 500 km plus au sud. Cette savane disparue était propice à une implantation humaine, sans doute composée de chasseurs de grands mammifères.

Nous sommes 8 000 ans avant notre ère et apparaît sur le continent africain la première céramique de notre patrimoine. Conservation des denrées pêchées ou cueillies ?

Le Vème millénaire est caractérisé par la "révolution néolithique". Les prédateurs deviennent des producteurs. Les nombreux gisements découverts au Soudan central offrent avant tout une documentation funéraire, l'habitat n'ayant pas survécu aux mutations climatologiques et géologiques. Le site d'el-Kadada révèle une civilisation inconnue du néolithique final. Les vestiges de qualité sortant des sols présentent des objets d'art d'une grande finition (on parle même de premières figurations réalistes) ainsi qu'une céramique locale dont la réputation n'est plus à faire.

L'étude des cimetières permet d'émettre l'hypothèse de sacrifices humains qui avaient sans doute lieu lors de l'enterrement d'un personnage important mais la compréhension des coutumes funéraires reste encore obscure.

 

LES CONQUÊTES ÉGYPTIENNES

4000 ans avant notre ère, ces cultures étaient sans doute déjà organisées en chefferies locales, hiérarchisées, établies dans des enclaves propices à l'occupation humaine, comme le finalise le Groupe A (selon G. Reisner) ou "Pays de l'Arc" (Ta-Seti) selon les premières dynasties égyptiennes.

Elles s'organisent autour de villages de plus en plus grands, découvrent l'usage de la brique crue, vivent d'agriculture, chasse et pêche avant de commercialiser par soumission, leurs denrées tant convoitées par l'Égypte...

LES ROYAUMES

Le premier grand royaume, celui de Kerma apparaît vers 2500 avant J.C. Sa situation géographique permit aux cultures Kerma d'atteindre un haut niveau d'épanouissement. A côté d'une Nubie colonisée (le Wawat), une nouvelle Nubie se distingue, basée sur l'agriculture et les échanges avec l'Afrique Centrale, indépendante, allant jusqu'à menacer l'empire égyptien avec la XXVème dynastie, (dite des Pharaons noirs).

Les royaumes suivants Napata et Méroé, s'étendent sur un millénaire. Il s'agit de cultures marquées par une forte influence égyptienne mais tout à fait marginales. Statuaire, architecture, mobilier...présentent un modèle égyptien mais révèlent des caractères africains que nous n'interprétons pas encore à sa juste valeur. La culture méroïtique, longtemps localisée autour de Méroé semble avoir perduré au Soudan central. Les récentes fouilles livrent une iconographie et un art mineur aux caractères culturels indigènes, des rites funéraires indépendants de la religion égyptienne, et une place importante accordée aux reines, les célèbres "candaces" ("soeurs") qui régnèrent seules jusqu'au Ier siècle après notre ère.

L'empire méroïtique se démantèle sans doute vers le IIIème siècle de notre ère, donnant naissance à diverses principautés dirigées par Blemmyes et Nobades. L'influence politique et artistique est essentiellement gréco-romaine.

 

L'APRES MEROÏTIQUE

Le christianisme est proclamé religion de l'Empire romain d'Orient en 384 par Théodose. Fuyant les persécutions de l'église orthodoxe byzantine, trois royaumes chrétiens émergent, couvrant la Nubie d'églises :

  • Nobatia autour de Faras sous l'influence de l'Égypte
  • Makuria autour de l'actuelle Dongola sous l'influence byzantine
  • Aloa autour de Soba sous l'influence de l'église copte éthiopienne.

En 641, l'Égypte se soumet à l'Islam, évitant les pressions byzantines. La Nubie se rebelle et reste isolée de la chrétienté. L'islamisation se fera progressivement, par l'installation de marchands arabes. Au XVIème siècle, la Nubie passe sous contrôle ottoman jusqu'à la conquête égyptienne de Méhemet Ali en 1822.

 

Le Soudan archéologique est né il y a à peine un siècle. De nombreuses terres, situées loin de l'axe privilégié du Nil restent à découvrir. Que nous réservent ces cultures encore si mystérieuses mais si fascinantes ?

 

MES SOURCES

 

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