LE GRAND TEMPLE DE RAMSES II

 

Façade du grand temple : photo Corine Dalle

 

C'est dans le rocher de Meha, domaine d'un des Horus de Nubie, que Ramsès II fit creuser un spéos que l'on peut qualifier de mémorial. A l'image de son personnage. ce temple rupestre chante de son vivant sa propre légende.

La structure extérieure est entièrement consacrée à notre souverain. Les statues de l'avant-cour représentent les princes et princesses royaux, les Grandes Epouses et Dame Touy, mère souveraine. Les divinités sont absentes. Ramsès II est dieu lui-même. On peut le voir s'offrant une effigie de la déesse Mâat ou se nommant à la manière d'un rébus, incluant à son propre nom ceux des forces divines.

Ramsès II innove en décorant pour la première fois l'entrée d'un spéos. La façade, sculptée dans la montagne, est composée de quatres colosses de notre pharaon. Un profond humanisme s'en dégage révélant un sourire figé mais avenant et une détermination implacable. Ces gigantesques représentations du souverain devaient alors inspirer crainte et respect aux yeux des éventuels envahisseurs du Koush. Ramsès II s'impose là en Maître de la Nubie, affirmant majestueusement sa volonté de protéger son royaume.

Zoom Entrant dans le spéos, on accède à la salle hypostyle composée de huit piliers osiriaques. Les parois sont couvertes de scènes guerrières. Cette photo (que vous pouvez zoomer) témoigne de ses divers exploits militaires. Des fresques l'affichent prêt à tuer un chef lybien, matant une citadelle asiatique ou terrassant les rebelles du Koush. Le roi n'oublie pas sa descendance et fait figurer ses fils combattant à ses côtés, affirmant leur digne origine.

La célèbre bataille de Qadesh qui opposa l'Égypte aux Hittites, couvre le mur nord.

 

 

Les parois du naos sont quant à elles couvertes de scènes cultuelles traditionnelles, figurant inlassablement le cheminement parcouru par Ramsès II pour accéder au divin. Cette quête finalise son état de dieu et non plus de fils de dieu.

ZOOM / Photo de Nicolas BochinskiDans le Saint-des-Saints, quatre statues, taillées dans la roche, représentent Ptah, Amon-Rê, Ramsès II et Rê-Horakhty. Deux fois par an (le 20 février et le 20 octobre), les trois divinités solaires reçoivent la lumière du soleil. Seul, Ptah reste dans l'ombre !

"Quand le soleil surgit au sommet des collines orientales, le premier rayon frappe horizontalement la porte d'entrée, perce les ténèbres intérieures comme une flèche, parvient au sanctuaire et tombe telle une flamme échappée du ciel, sur l'autel, au pied des dieux". Amélia EDWARDS.

 

Les salles latérales, aussi appelées Salles du Trésor, étaient réservées à l'entrepôt des objets de culte et de la barque.

A l'extérieur, la terrasse est encadrée de deux chapelles :

  • la chapelle de Thot au sud est aménagée dans une grotte. Les registres représentent Ramsès II encensant la barque de Thot.
  • la chapelle de Rê-Horakhty au nord est composée d'une cour à ciel ouvert. L'autel solaire était encadré de deux obélisques. Dédiée à Thot et Khepri (soleil du Matin), Ramsès II recevait là les deux mondes complémentaires : la nuit et le jour.

 

Le Grand Temple d'Abou Simbel nous révèle non pas un souverain divinisé parmi les hommes, mais un homme déifié de son vivant, égal aux dieux. Ce chef d'oeuvre est le témoignage de son programme théologique, basé sur une quête constante d'accéder au monde divin, pour l'éternité.

N'a-t-il pas réussi ?

Photo de Michel Schaaf

Merci aux photographes du site Photos d'Egypte

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