Les Nubiens cohabitent avec les Égyptiens, mais ne sont pas intégrés. Ils entretiennent leur isolement comme lorsqu'ils étaient derrière la porte de la première cataracte. Les mariages mixtes sont rares car on se marie entre soi pour renforcer la parentèle. La généalogie tient une part importante dans la communauté; elle donne le statut d'une famille. Les mariages sont un des moyens de resserrer les liens et de changer de statut. Aucun lien n'a été tressé avec les Égyptiens. Les deux groupes se côtoient dans des lieux communs comme l'école, le travail et les champs. Un statu quo s'est instauré entre les deux communautés : chacun reste sur son territoire. A l'intérieur du village, la vie sociale n'a pas changé. Elle est codifiée et répond à chaque moment de l'existence : retour des migrants, visites de courtoisie, services rendus en échange de nourriture, etc... Si les Nubiens se considèrent comme des villageois attachés à leur communauté plus qu'à une terre, la Nubia est devenue un mythe. Une profonde nostalgie a pris naissance dans la difficulté de la vie en Nouvelle Nubie. Les plus jeunes considèrent l'ancienne Nubie comme une terre bénie, le paradis perdu. |
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Il y a un AVANT et un APRES |
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Les émigrés urbains, surtout, ont cette nostalgie qui réapparaît à chaque problème rencontré. Cette nostalgie est souvent une façon d'exprimer l'impuissance, la conscience de l'impossibilité de contrôler son destin, et ressort, précise, comme une complainte dans des moments particuliers. La Nubia a été idéalisée comme moyen d'exprimer le deuil de la perte. Terre bénie est une terre de paix, de sécurité dans un âge d'or où la communauté était censée vivre renfermée sur elle-même : le temps de l'entre-soi. La référence identitaire se traduit dans le langage pour parler de l'ancienne Nubie : "Balad el gudûd" : "le pays des grands pères" - "le pays des ancêtres" "Bald noï" : "notre pays"
Dossier de Marie-Christine TADDEI-BATTESTI
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