OCCUPATION DE L' ESPACE
ZOOM 

Tout au long de leur histoire, les Nubiens se sont déplacés le long du Nil en fonction des crues. Ce n' est qu 'à l' époque médiévale qu' ils s' installent sur le territoire de l' ancienne Nubie. Les seules migrations sont d' ordre temporaire pour le travail et touchent uniquement les hommes jeunes. On trouve les Nubiens dans le secteur des services (hôtels, domestiques), de l' artisanat, de la santé et de l' éducation. Ils émigrent en Égypte, mais aussi en Europe. Cette population s' intègre mieux en milieu urbain que les Égyptiens, et c' est encore le cas.

Il y a toujours retour à la tribu, à la terre. C' est un phénomène qui fait partie intégrante de la société nubienne. Les sédentaires et les migrateurs sont liés dans un grand système d' échange.

L' occupation de l' espace transcrit le mode de vie des ethnies nubiennes. La vie est centrée sur le Nil, moyen de transport interne et externe. C'est par lui que les migrateurs partent et reviennent, que les denrées alimentaires transitent et que les nouvelles circulent.

HABITAT

Photo de Daniel CouturierLes habitants de la Basse Nubie vivent en habitats dispersés. Les maisons sont séparées de 30 à 50 mètres pour sauvegarder intimité et indépendance. Certains villages, comme celui de Dahmît, occupent les deux rives du Nil.

La région est divisée en 39 districts administratifs appelés "Nahia". Chaque Nahia regroupe une dizaine de Nag'a (hameaux). Le nag'a est un ensemble d'habitations regroupant des personnes liées par la parenté. Il peut regrouper 4 à 5 maisons ou bien, être de la taille d'un village. Le tout est réparti sur plusieurs kilomètres.

La maison nubienne traduit cette occupation de l'espace. Elle sépare les lieux occupés par les femmes de ceux des hommes. L'étable est attenante à la maison, mais n'en fait pas partie.

  • Sur les bords du Nil, les maisons sont bâties en terre mêlée de quelques morceaux de bois de palmiers.
  • Dans les collines, elles sont de pierres.

Mais partout, les femmes les décorent de motifs pharaoniques et islamiques de couleurs vives. Elles sont le reflet du statut de la famille au sein de la communauté. Les plus aisés ont une cour centrale et une pièce réservée aux invités.

Ces habitations sont construites en fonction du climat. Contre la chaleur, les murs sont en pisé et en pierres, hauts et épais, avec des ouvertures étroites en hauteur. Des pièces ouvertes nord/sud permettent la circulation de l'air et de refroidir l'eau stockée dans de grandes jarres. Certaines sont surmontées d'une coupole, mais toutes sont vastes et accueillent la famille nubienne élargie.

AGRICULTURE ET ELEVAGE

Photo de N. BOCHINSKILes mines d'or et les exploitations de diorite étant épuisées depuis longtemps, l'agriculture et un peu d'élevage, nourrissent la population. L'absence des hommes oblige les femmes et les enfants à s'occuper des travaux agricoles. Leurs champs sont attenants aux maisons. En dehors des travaux des champs, les femmes tressent des nattes et des plateaux avec les feuilles et les nervures du palmier- dattier. Elles tissent la laine et travaillent le cuir.

Les hommes sédentaires produisent du charbon et des jarres en terre cuite. La communauté coopère pour les gros travaux agricoles.

L'agriculture varie en fonction des crues du Nil et des saisons. Les terres inondables, les rives et les îles basses sont appelées "seluk". les saqia ou shaduf irriguent les champs en terrasses qui donnent 2 à 3 récoltes par an. Les eaux de la crue, endiguées, permettent la culture en cuvette.

Sur le limon, au plus près des rives, on sème le sorgho et le millet, et plus loin, le bersim (trèfle d'Alexandrie) et le kashranga pour les animaux. Au bord des collines, le dura d'octobre à janvier; d'avril à juillet, de l'orge, des haricots, des lentilles, des lupins et des pastèques. En alternative, on plante entre deux cultures, bamia, oignons, piments verts, concombres, courgettes et gombos.

Ils utilisent les ressources de la végétation : gomme arabique tirée de l'acacia d'Égypte, le séné, l'hibiscus (karkaddé) et le tamarin dit thérapeutique.

Les marchands égyptiens échangent des moutons, du tabac et des armes contre le surplus de dattes, de plants de dattiers, du séné et du charbon de bois.

On élève ovins, caprins et bovins pour la consommation personnelle mais également pour les fêtes religieuses.

Ce mode de vie est calqué sur les saisons de l'Égypte antique : l' hiver, la crue et l' été. La surélévation du barrage en 1933 fait disparaître une saison. Désormais, l' ouverture des vannes rythme les plantations et les Nubiens n'arrivent plus à se nourrir,  ni à nourrir leurs bêtes. Le cheptel se réduit aux seuls animaux pour les seqias. Or, l'alimentation quotidienne comporte beaucoup de produits dérivés du lait, des oeufs et de la volaille. Quant à la pêche, elle ne se fait plus désormais qu'au niveau des stations de pompage.

 

Dossier de Marie-Christine TADDEI-BATTESTI

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