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Tout au long de leur histoire,
les Nubiens se sont déplacés le long du Nil en fonction
des crues. Ce n' est qu 'à l' époque médiévale
qu' ils s' installent sur le territoire de l' ancienne Nubie.
Les seules migrations sont d' ordre temporaire pour le travail
et touchent uniquement les hommes jeunes. On trouve les Nubiens
dans le secteur des services (hôtels, domestiques), de l'
artisanat, de la santé et de l' éducation. Ils émigrent
en Égypte, mais aussi en Europe. Cette population s' intègre
mieux en milieu urbain que les Égyptiens, et c' est encore
le cas.
Il y a toujours retour à la
tribu, à la terre. C' est un phénomène qui
fait partie intégrante de la société nubienne.
Les sédentaires et les migrateurs sont liés dans
un grand système d' échange.
L' occupation de l' espace transcrit
le mode de vie des ethnies nubiennes. La vie est centrée
sur le Nil, moyen de transport interne et externe. C'est par lui
que les migrateurs partent et reviennent, que les denrées
alimentaires transitent et que les nouvelles circulent.
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Les
habitants de la Basse Nubie vivent en habitats dispersés. Les
maisons sont séparées de 30 à 50 mètres
pour sauvegarder intimité et indépendance. Certains villages,
comme celui de Dahmît, occupent les deux rives du Nil.
La région est divisée en
39 districts administratifs appelés "Nahia". Chaque
Nahia regroupe une dizaine de Nag'a (hameaux). Le nag'a est un ensemble
d'habitations regroupant des personnes liées par la parenté.
Il peut regrouper 4 à 5 maisons ou bien, être de la taille
d'un village. Le tout est réparti sur plusieurs kilomètres.
La maison nubienne traduit cette occupation
de l'espace. Elle sépare les lieux occupés par les femmes
de ceux des hommes. L'étable est attenante à la maison,
mais n'en fait pas partie.
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Sur les bords du Nil, les maisons sont
bâties en terre mêlée de quelques morceaux de bois
de palmiers.
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Dans les collines, elles sont de pierres.
Mais partout, les femmes les décorent de motifs
pharaoniques et islamiques de couleurs vives. Elles sont le reflet du
statut de la famille au sein de la communauté. Les plus aisés
ont une cour centrale et une pièce réservée aux invités.
Ces habitations sont construites en fonction du climat.
Contre la chaleur, les murs sont en pisé et en pierres, hauts et
épais, avec des ouvertures étroites en hauteur. Des pièces
ouvertes nord/sud permettent la circulation de l'air et de refroidir l'eau
stockée dans de grandes jarres. Certaines sont surmontées
d'une coupole, mais toutes sont vastes et accueillent la famille nubienne
élargie.
Les
mines d'or et les exploitations de diorite étant épuisées
depuis longtemps, l'agriculture et un peu d'élevage, nourrissent
la population. L'absence des hommes oblige les femmes et les enfants à
s'occuper des travaux agricoles. Leurs champs sont attenants aux maisons.
En dehors des travaux des champs, les femmes tressent des nattes et des
plateaux avec les feuilles et les nervures du palmier- dattier. Elles
tissent la laine et travaillent le cuir.
Les hommes sédentaires produisent du charbon et
des jarres en terre cuite. La communauté coopère pour les
gros travaux agricoles.
L'agriculture varie en fonction des crues du Nil et des
saisons. Les terres inondables, les rives et les îles basses sont
appelées "seluk". les saqia ou shaduf irriguent les champs
en terrasses qui donnent 2 à 3 récoltes par an. Les eaux
de la crue, endiguées, permettent la culture en cuvette.
Sur le limon, au plus près des rives, on sème
le sorgho et le millet, et plus loin, le bersim (trèfle d'Alexandrie)
et le kashranga pour les animaux. Au bord des collines, le dura d'octobre
à janvier; d'avril à juillet, de l'orge, des haricots, des
lentilles, des lupins et des pastèques. En alternative, on plante
entre deux cultures, bamia, oignons, piments verts, concombres, courgettes
et gombos.
Ils utilisent les ressources de la végétation
: gomme arabique tirée de l'acacia d'Égypte, le séné,
l'hibiscus (karkaddé) et le tamarin dit thérapeutique.
Les marchands égyptiens échangent des moutons,
du tabac et des armes contre le surplus de dattes, de plants de dattiers,
du séné et du charbon de bois.
On élève ovins, caprins et bovins pour la
consommation personnelle mais également pour les fêtes religieuses.
Ce mode de vie est calqué sur les saisons de l'Égypte
antique : l' hiver, la crue et l' été. La surélévation
du barrage en 1933 fait disparaître une saison. Désormais,
l' ouverture des vannes rythme les plantations et les Nubiens n'arrivent
plus à se nourrir, ni à nourrir leurs bêtes.
Le cheptel se réduit aux seuls animaux pour les seqias. Or, l'alimentation
quotidienne comporte beaucoup de produits dérivés du lait,
des oeufs et de la volaille. Quant à la pêche, elle ne se
fait plus désormais qu'au niveau des stations de pompage.
Dossier
de Marie-Christine TADDEI-BATTESTI
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