Les Nouveaux Nubiens

 

La Nouvelle Nubie se distingue de l'ancienne Nubie par un espace beaucoup plus restreint et un nouvel environnement physique. Si dans le Haut Pays les Nubiens ne communiquaient avec l'Égypte que par le fleuve, ils doivent désormais composer avec les réseaux routiers, les reliant aux centres urbains proches.

Chaque nag'a (village) ne vit plus en autarcie, mais développe échanges et contacts avec les autres nag'a, si proches et si faciles d'accès.

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La Nouvelle Nubie

de Véronique LASSAILLY-JACOB

L'objectif de Nasser est de faire de la Nouvelle Nubie une grande zone agricole, centrée sur la production de canne à sucre.

Sequia Économiquement, les Nubiens ne s'adaptent pas au système des "coopératives et des cultures imposées", ne connaissant rien de la canne à sucre, de l'arachide et du coton. Par ailleurs, ils refusent pendant longtemps de payer un droit d'eau pour l'irrigation du blé. Rappelons que la sequia, invention perse introduite par les romains fut un système d'irrigation indépendant du Nil qui bouleversa l'agriculture nubienne. La culture des palmiers dattiers se développe, les villages et communautés s'organisent autour de cet outil et de l'arbre (les deux devenant le symbole du peuple nubien). Aujourd'hui les pompes à eau ont remplacé la sequia.

 

Progressivement, ils mettent les terres offertes par le gouvernement en métayage ou les offrent à un membre de la famille pour aller travailler mieux ailleurs.

D'autres retournent au pays ! Sous l'eau ? Non, mais sur les rives du Lac Nasser, renouant avec la pêche. Une coopérative sera ainsi créée par les Nubiens de Nouvelle Nubie : "3000 personnes vivent sur les deux rives pendant la saison de pêche (article de Véronique Lassailly-Jacob).

Une communauté, installée en Abou, tente de s'adapter grâce à l'agriculture. Ces paysans-pionniers vivent aujourd'hui du tourisme. Quelques fermes expérimentales survivent près de Kalabsha et Dabod.

Nombreux sont les Nubiens de Kom Ombo engagés dans les bateaux de croisière (307 naviguent aujourd'hui sur le Nil). D'autres, plus nantis investissent dans une felouque, un chameau afin de "balader" le touriste ou dans un magasin à produits touristiques. Certains encore partent vers le Caire ou vers des capitales mondiales, exerçant dans le tertiaire. Il est à noter que l'intégration dans l'administration des Nubiens soudanais est beaucoup plus forte que celle des Nubiens égyptiens (40% des fonctionnaires soudanais sont des Nubiens transférés).

Ces dernières années, on assiste à des migrations masculines de travail vers les états du Golfe.

Aujourd'hui, le pogramme du président Mubarak est la réalisation d'une "vaste oasis" sur les rives du Lac Nasser, favorisant un repeuplement du site par les Nubiens.

Le transfert a donc engendré de nouvelles sortes de migrations. Au quotidien, les Nubiens transplantés en Nouvelle Nubie, refusent d'être une minorité "en butte aux contraintes administratives". Ils se battent pour conserver leurs propres activités professionnelles et les associations urbaines qu'ils ont créées, celles-ci leur permettant à la fois de s'adapter dans le nouvel espace ainsi occupé et d'entretenir les échanges avec la communauté. Les réseaux ethniques qui se sont mis en place sont encore aujourd'hui très forts. A partir de là s'est instauré un système d'échange : les expatriés donnent aux sédentaires d'abord pour assurer leur quotidien, mais aussi dans un souci de survie de la communauté à laquelle ils appartiennent depuis le transfert. Expatriés et émigrés participent à la vie du village, tout comme avant, lorsque le village s'organisait autour de la récolte à partager ! "Les sédentaires constituent le noyau, le centre, le lieu des valeurs et de l'honneur" et transmettent à la nouvelle génération la culture de leurs ancêtres.

"Gardiens de la tradition, ils filtrent la modernité"

Photo de Zimmer Patrick

 

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